Célébration d’une messe pour la paix en RDC : "le peuple congolais massacré est abandonné à son triste sort"
Le 24 février dernier, une messe pour la paix en République démocratique du Congo (RDC) a été organisée par le cardinal Fridolin Ambongo dans la cathédrale Notre-Dame du Congo. "Faire revenir la paix en RDC impose d’en finir aussi bien avec la violation de son intégrité territoriale qu’avec la prédation éhontée de ses ressources naturelles" a affirmé le religieux.
Sur invitation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), le cardinal Fridolin Ambongo a célébré une messe dans la cathédrale Notre-Dame du Congo à Kinshasa "pour implorer la paix [...] particulièrement dans la partie Est", samedi 24 février.
Depuis le début du mois, les combats s’intensifient entre l'armée congolaise et le groupe armé du M23 en RDC. Dans un communiqué de presse publié le 14 février, l'ONU s'est dite "inquiète" de la situation, estimant que près de 135 000 personnes ont fui la ville de Sake vers la capitale du Nord-Kivu, Goma.
Cette messe pour la paix s'est ouverte par une prière pour le peuple congolais et notamment pour les “populations meurtries et traumatisées dans l’Est”, rapporte Vatican News. Le cardinal a également remercié tous les fidèles ayant fait le déplacement pour assister à ce rassemblement.
"Le peuple congolais ressemble aujourd’hui à cet homme dépouillé, roué de coups et laissé à moitié mort par des bandits"
Lors de cette prière spéciale pour la paix en RDC le cardinal Fridolin Ambongo a évoqué en détail la situation sur place. Il a également pointé le Rwanda et les multinationales qui "pillent les richesses" du pays.
"Agresseuses et multinationales, font alliance pour faire main basse sur les richesses du Congo au détriment et au mépris de la dignité de paisibles citoyens congolais, crée à l´image et à la ressemblance de Dieu. Jusqu´où irait ce mépris ? Jusqu´où irait la banalisation de la vie humaine, pourtant sacrée ? Faire revenir la paix en RDC impose d’en finir aussi bien avec la violation de son intégrité territoriale qu’avec la prédation éhontée de ses ressources naturelles."
Le cardinal Fridolin Ambongo a ensuite dénoncé l'inaction de la communauté internationale "qui brille par son silence et son inaction". Après avoir rappelé "l'échec" de l'ONU pour ramener la paix en RDC, il s'est appuyé sur une parole prononcée par le Pape en février 2023, pour "interpeller les consciences" étrangères.
"Retirez vos mains de la RDC (…). Elle n'est pas une mine à exploiter, ni une terre à dévaliser."
"Nous l’avons fait pour l’Ukraine, faisons-le pour les Congolais aussi"
Le religieux a ensuite évoqué les décisions internationales qui ont été prises pour sanctionner la Russie suite à l'invasion de l'Ukraine. Il estime que le récent accord de coopération minière durable entre l'Union Européenne et le Rwanda, est à l'inverse un "soutien appuyé à l'agresseur".
"Comment comprendre qu’au même moment où elle (la communauté internationale NDLR) dénonce finalement l’implication directe du Rwanda et de son armée en soutien au groupe armé M23, l´Union européenne signe un accord de coopération minière durable avec le Rwanda sur des ressources pillées en RDC ? N´est-ce pas là un soutien appuyé à l´agresseur ?"
En France aussi des chrétiens se mobilisent pour faire connaître la situation en RDC. C'est le cas de l'évangéliste français Cospiel qui sur son compte Instagram, ce lundi, a invité les chrétiens à se rassembler comme ils ont pu le faire pour l'Ukraine, et à se "mettre à genoux" afin de prier pour le pays déchiré par la violence.
"Nous l’avons fait pour l’Ukraine. Nous l’avons fait pour les Ouïgours. Faisons-le pour les Congolais aussi."
Le Pape François, lors de la prière de l’Angélus, dimanche 25 février a déclaré quant à lui, se "joindre" aux prières des évêques pour la paix.
"Je suis avec inquiétude l'augmentation de la violence dans l’Est de la République démocratique du Congo. Je me joins à l'appel des évêques, à prier pour la paix, en espérant la fin des affrontements et la recherche d'un dialogue sincère et constructif."
Mélanie Boukorras
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